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23 avril 2007

Le mystère de mon paternel (partie 36)

Il est un peu plus grand que moi. Quelques centimètres. Les cheveux poivre et sel avec les tempes grisonnantes. Je m’approche. Mon cœur bat très fort. Ca y est, c’est lui, il est là. Le pourquoi de cette aventure, de ce voyage. Celui que je recherche depuis tellement longtemps. Je ne sais par quoi commencer… Que doit-on dire lorsqu’on rencontre son père, lorsqu’on le rencontre pour la première fois ? Doit on se comporter en fils ? En étranger ?

« Euh… Bonjour… »

« Pourquoi es tu venu ici ? »

« Et bien euh… pour te rencontrer… du moins, je pense. »

« Mais tu sais ce que j’ai fait, tu sais qui je suis. Pourquoi vouloir rencontrer quelqu’un comme moi ? »

« Oui, mais il s’est passé un léger incident dans ta vie il y a 19 ans. Tu sais un truc du genre accident de parcours… alors que tu t’étais mis au vert. Et cet accident ben il veut savoir … »

« Savoir quoi ? Y a rien à savoir. Tu n’aurais jamais du venir jusqu’ici. Et moi, je n’aurais jamais du accepter de te rencontrer. Ce n’est pas le meilleur moment. Les flics sont après moi et c’est dangereux »

« Je sais tout ça. Mais n’est il pas normal pour un fils de vouloir retrouver son père ? N’est il pas normal de vouloir le connaître ? J’ai passé une partie de ma vie sans même savoir si tu étais encore vivant. Tu penses que c’est normal ça ? »

Un silence s’impose après ce bref échange durant lequel nous avons chacun élevé la voix. La tension est montée d’un cran. Ce n’est pas devenu une rencontre, mais un affrontement. Je ne sais pas pourquoi c’est parti ainsi. Peut être que je n’étais pas prêt, peut être que lui non plus. Peut être que j’attendais quelque chose de plus de sa part.

« Bon écoutes, je n’ai pas une vie facile. Que tu viennes ici me voir est dangereux. Que tu existes vis-à-vis d’autres personnes est dangereux. Dangereux pour moi et pour toi. Je ne suis pas doué pour faire autre chose que la guerre. Les deux seules femmes que j’ai aimé ne m’ont pas réussi : j’ai abandonné l’une et tué l’autre. Je n’ai rien à t’offrir. Je n’ai pas été un bon père et ne le serai sans doute jamais. Alors tu n’as rien à faire ici. »

« Mais quand donc cesseras tu de ne penser qu’à toi ? Est-ce que tu t’es seulement demandé ce dont nous avions envie maman et moi ? Tu veux que je te dise ? On dirait un gosse capricieux. Voilà ce que tu es. Un gamin qui veut un jouet et qui fait une crise pour l’avoir. »

« Mais tu ne sais rien du combat que je mène. Rien de tout ce qu’il se passe ici. Tu n’es pas Irlandais. Tu ne peux comprendre. »

« Comprendre quoi ? Que par la faute d’une poignée d’hommes et de femmes comme toi c’est tout un peuple qui souffre ? Que parce qu’il y a des gens qui pensent que la violence peut changer l’opinion il faut mettre à feu et à sang un pays ? Mais ouvre les yeux putain !!! Nous ne sommes plus à l’époque Thatcher. Il y a des efforts qui sont fait et toi tu envoies bouler tout ça pour quoi ? Pour ta fierté ? Pour que l’on garde ton nom dans l’histoire ? »

« Tu ne sais pas de quoi tu parles. J’ai vu mes parents, ma famille, mes amis crever sous la botte des Anglais. J’ai vu des manifestations se faire réprimer par la force de l’armée et par les soldats. J’ai vu les libertés bafouées… »

« j’ai, j’ai, je, j’ai… Tu n’as que cela à la bouche. C’est bien ce que je dis, tu te bats pour toi. Mais pas pour l’Irlande. Mais regardes, combien de combattants as-tu encore ? Qui veut encore d’une guerre qui dure depuis si longtemps. Tu te bats pour toi, mais tu as une famille, enfin, tu avais une famille. Comme tu le dis, tu as perdu les deux femmes qui t’ont aimé. Tu les as perdu parce que tu les as abandonnées les deux. L’une après l’autre. Pour te sauver toi, parce que tu n’as pensé qu’à toi. »

Comment oses tu dire cela alors que si je suis parti d’Irlande c’était pour les protéger, parce que si je restais, je les mettais en danger. Et si je suis parti de France c’est pour les mêmes raisons. Car il y a bien des choses que tu ne sais pas. Toi tu as grandi loin de tout cela. Tu as grandi dans ta petite bulle dorée et c’est tant mieux. Alors retournes y dans cette bulle, dans ton univers. Tu n’as rien à faire ici… »

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Commentaires
J
J'ai un caractère qui parfois est proche de celui de mon père. Ce qui fait que je reste moi, c'est justement lorsque je m'en rends compte et que je me dis:" fais gaffe là on dirait ton paternel"
4
simple question : est ce que tu ressembles a ton père ?
J
ben en fait sur le coup, le ton montait. Chacun était sur ses positions. Aucun n'écoutait vraiment l'autre. Mais bon. C'est d'habitude déjà pas facile entre un père et son fils, mais dans cette situation...
N
Ah bah oui, ça allait pas être facile. On s'en doutait tous.<br /> <br /> Mais je trouve que c'est un très bon début, le dialogue s'ouvre un peu, chaucun arrive à dire ce qu'il ressent, c'est bien.
jack-o-lantern
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