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jack-o-lantern

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30 mai 2007

Le mystère de mon paternel (partie 45)

Je ne sais pas combien de temps nous sommes resté ainsi. Mais je sais que le soleil se couche lorsque j’ouvre les yeux et la lumière orangée qui baigne College Square, le léger vent qui balaie la place alors qu’elle se vide petit à petit de ses passants et ses voitures me ramène à la réalité (et surtout, les gargouillements de mon estomac). Henry, afin de nous remonter le moral décide de nous emmener dîner au dessus du Crown Liquor Saloon, au Flanigan’s, qui est l’un des meilleurs restaurant traditionnel Irlandais de Belfast. Nous y passons une soirée plus qu’agréable, avec une cuisine délicieuse, puis, alors que nous prenons un digestif et que les autres clients sont partis, le chef cuisinier se joint à nous. Il parle français car il a fait ses études à Paris, suivant une formation dans l’école hôtelière Médéric. C’est donc avec plaisir que nous discutons. Je me souviens de ses yeux brillants à l’évocation de quelques plats Français qu’il aimait ou de bons vins de Bordeaux ou de Bourgogne. Mais je me souviens surtout d’une phrase qu’il a dit en parlant du Haggis, le plat national Ecossais : Lorsqu’on vous l’amène, à l’odeur et l’aspect, on croirait que c’est de la merde. Mais lorsqu’on le goûte, on regrette que ce n’en soit pas…

Nous avions beaucoup ri de cette boutade. Et c’est ainsi qu’il justifiait l’absence de ce plat à la carte de son établissement, qui comporte pourtant toutes les spécialités culinaires du Royaume Uni.

Après ce repas fort agréable, nous rentrons à l’hôtel, fatigués de cette journée. Nous ne repartons pour la France que samedi, aussi, nous avons la journée de demain pour profiter de la ville ou des environs. Nous décidons d’attendre le lendemain pour décider de ce que nous ferons. Le vent est toujours présent, rafraîchissant la soirée. Lorsque nous arrivons à l’hôtel, Moyra est dans le hall, assise sur une banquette. Henry me laisse et monte dans sa chambre. Je récupère la clef de ma chambre puis nous montons. A peine la porte fermée, Moyra se jette dans mes bras et m’embrasse. Nous faisons l’amour, bestialement. Nous ne nous sommes quittés que depuis ce matin, cela ne fait qu’à peine plus d’une douzaine d’heures, mais je me rends compte à quel point elle m’a manqué et également à quel point je lui ai manqué. C’est fort, c’est puissant. Nous prenons ce dont nous avons besoin. Puis une fois rassasiée, une fois la soif de l’autre qui étreignait nos corps étanchée, nous prenons soin de nos âmes. La douceur vient couvrir notre envie, comme un drap de pudeur, un chant des morts après la bataille. La discussion s’installe. Après l’échange des corps, l’échange des sens vient l’échange des sons et des silences.

Nous parlons longuement. Je lui raconte ma journée, ma déception, mes envies, mes espoirs. Elle me serre dans ses bras, contre sa poitrine, comme le ferait une mère. Puis, je m’épanche sur un autre sujet qui me tracasse :

« Et pour nous ? »

« Quoi pour nous ? »

« Ben oui, qu’est ce qui va se passer ? Je veux dire, je suis bien avec toi, vraiment bien. Mais je dois rentrer samedi. Je ne peux rester. Et pourtant, je me suis aperçu lorsque je t’ai vue tout à l’heure dans le hall à m’attendre que j’ai besoin de toi. Je n’ai jamais ressenti autant de sentiments en aussi peu de temps. Habituellement, j’ai besoin de temps. Mais là, tu es en moi, comme si c’était naturel que tu y sois. Tu vois ce que je veux dire ? »

« Oui, je comprends car pour moi aussi, c’est particulier. Mais c’est allé très vite entre nous, nous avons chacun notre vie et chacun notre pays. Je sais qu’il y a encore beaucoup de choses qui vont changer ici et je veux être là quand tout cela arrivera. La guerre finira par s’arrêter. L’Irlande du nord devra se reconstruire et je veux faire partie de cette histoire là. Je fais partie de cette génération qui en a marre de cette guerre et qui veut plus, qui voit plus loin que le passé. Alors même si je n’ai jamais ressenti ce que je ressens pour toi auparavant, même si je suis heureuse avec toi, je dois rester à Belfast. Ma vie est ici. Alors je ne sais pas si il peut y avoir un « nous » comme tu dis. Mais nous avons encore le temps. Je compte bien passer la journée de demain avec toi. Profiter de toi encore. Si tu es d’accord, bien sûr. »

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29 mai 2007

de retour

Bonjour à tous et désolé de vous avoir abandonné depuis autant de temps. Je viens juste de rentrer de Russie où j'ai du retourner à nouveau et où tout ne s'est pas super bien passé. Je ne sais pas si je vous raconterai tout cela par la suite, mais je suis content d'être rentré. Pour tout vous dire, j'ai du faire un passage par les urgences de l'hôpital de Krasnodar et de celui de Moscou, tout cela en moins de 10 jours. Mais maintenant, je vais mieux. Encore quelques tiraillements à l'épaule et je me retrouve dans un fauteuil pour encore un mois, mais je suis rentré à Marseille il y a à peine deux heures. Le temps qu'Henry accepte de me laisser tranquille dans ma chambre. Bref, une longue histoire qui fini et j'ai encore de la chance, elle se finit bien. Je reprends le cours de mon récit pour la fin de l'histoire avec mon père dès demain. Pour l'instant, je vais me remettre de mes émotions dans la chaleur de mon lit douillet. Et vous savez quoi ? Et bien à Moscou, aujourd'hui, il faisait près de 40 °C. J'ai l'impression qu'ici, c'est l'hiver en comparaison. Et autre chose, je suis bien content d'être rentré.

16 mai 2007

Le mystère de mon paternel (partie 44)

Henry a ouvert la discussion :

« Comment te sens tu ? »

« Et bien plutôt mitigé… D’un côté, je suis déçu. Déçu qu’il ne veuille même pas entendre parler de moi, rien savoir sur moi. Qu’il ne se soit pas conduit en père ne me gène pas plus que cela en soit, je ne pouvais attendre de lui une telle conduite après 17 ans d’absence, mais qu’il ne prenne même pas la responsabilité du fait d’être père, là, je suis déçu oui. Je pensais avoir davantage d’importance pour lui. Je n’ai pas besoin qu’il se comporte comme un père car j’ai déjà quelqu’un qui fait cela pour moi et il est là, près de moi. Mais qu’il me considère comme son fils, qu’il me reconnaisse comme tel, qu’il l’accepte, cela oui, j’en ai besoin. Qu’il accepte qui je suis et accepte le fait qu’il soit mon père. Pas qu’il me rejette ainsi. D’un autre côté, je comprends après ce qu’il m’a dit, ce qu’il a vécu. Je sais maintenant qu’il est parti parce qu’il voulait nous protéger maman et moi. Je sais aussi que tant qu’il y aura cette guerre, il ne prendra pas le risque de se comporter en père, il ne montrera aucune faille, aucune faiblesse. Alors j’espère que lorsque cela finira, il changera d’avis et d’attitude. Je garde donc quand même un espoir. Ce qu’a dit Dahey est vrai. Ce n’est pas possible pour l’instant, mais cela ne sera pas tout le temps la même chose. Il a été obligé de laisser sa famille, de mener une vie de combat, une vie de soldat. Une vie qu’il n’a pas voulu et qui l’a mené d’une tragédie à l’autre, une vie qui l’a affecté énormément, lui a fait perdre sa famille et ses amis. Une vie qui lui a fait perdre le respect des autres, mais surtout le respect de lui-même. Je me suis rendu compte à quel point il a une vision négative et sombre de sa nature, de ce qu’il est devenu. Il a été bien plus touché qu’il ne veut bien l’admettre, bien plus blessé que ce qu’il ne montre. Il montre à tous qu’il est un dur, qu’il ne craint rien ni personne, il montre à tous qu’il est un monstre, mais il est bien plus faible en fait, il est humain. Il est capable de tuer comme il l’a déjà fait, mais je sais qu’au fond de lui, il ne veut plus. Il continuera car il pense nous protéger encore ainsi. Mais il s’est enfermé dans un contexte qui est dépassé. Dahey a encore raison là-dessus, j’ai vu les jeunes, j’ai discuté avec eux, Ils ne veulent plus de cette guerre. Le monde change, ils veulent en faire partie, ne pas être laissé sur le bord de la route comme un chien encombrant ou agonisant et pour cela il faut que la guerre cesse. Plus de violence mais une entente, une écoute mutuelle. Dans les amis de Moyra, il y a des fils et des filles de républicains, des fils et des filles d’anciens de l’Ira. Il y a aussi des enfants de Loyalistes. Ils partagent tous une même envie, faire que cela change pour ne plus souffrir et enfin vivre, enfin exister, tous ensemble. Alors je sais que cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais ils vivent les derniers soubresauts d’une guerre qui se meurt et c’est tant mieux. Les choses changeront et à ce moment là, je serai là pour lui. Comme lui n’a pas été là pour moi. Parce que moi, je le pourrai. Tout ce que j’espère, c’est qu’il ne crèvera pas comme un con dans cette guerre car les contractions d’une agonie peuvent être ce qu’il y a de plus dangereux… »

Henry sourit à cette dernière phrase mais passe quand même son bras autour de mes épaules. J’y ai mis un ton humoristique, mais l’inquiétude est quand même là et en bon père, Henry l’a sentie.

« Ne t’inquiètes pas. » Et il ajoute en prenant un accent Irlandais : «  Si ces salopards de rosbifs ne l’ont pas encore eu après tout ce temps, ils ne l’auront pas maintenant. Sauf s’il a décidé que c’était une façon de finir pour lui, mais là, je compte sur toi pour lui montrer que ce n’est pas une bonne solution. Et merci de me considérer comme ton père. Car je te l’ai déjà dit, mais je le répète, tu es mon fils aussi. »

Bien évidemment, les larmes ne tardent pas à venir et nous nous retrouvons dans les bras l’un de l’autre, affichant notre besoin de l’un pour l’autre et vice versa. Nous sommes bien là tous deux tel que nous le voulons : un fils et un père, même si ce n’est pas le même sang qui coule dans nos veines, l’amour lui inonde nos cœurs. Et putain, ce que cela peut faire du bien.

15 mai 2007

Le mystère de mon paternel (partie 43)

Nous repartons donc vers Downpatrick et le Denvir’s Hotel. Nous faisons le chemin inverse exactement. Je n’avais pas bien fait gaffe à l’aller, mais Henry lui a bien repéré la route et nous arrivons sans encombre dans la rue où nous avions trouvé la voiture. Nous la garons au même endroit et revenons par la petite porte au fond du jardin. Nous refermons puis rentrons à nouveau dans le bâtiment par les cuisines. Le neveu de Padràic nous attend dans la grande salle, assis avec deux des serveurs. Il ne s’est pas passé deux heures entre notre départ et notre retour. Nous nous asseyons avec eux. A la mine que je fais, le neveu de Padràic me dit :

« Je déduis de ton air abattu que cela ne s’est pas passé comme tu l’espérais. Tu sais, je ne te connais pas, mais si mon oncle m’a demandé de t’aider, c’est que tu es quelqu’un de bien. Alors je ne sais rien de toi, rien de ton histoire, et ne veux rien savoir. Mais il y a une chose que je peux te dire, c’est que cela ne s’est peut être pas passé comme tu le voulais maintenant, à ce moment. Mais ce ne sera pas toujours le cas. La situation évoluera, toi aussi, et la personne que tu es allé voir aussi. Et si aujourd’hui vous n’étiez pas sur la même longueur d’onde, cela ne veut pas dire que ce ne sera jamais le cas. Garde confiance et espoir. Un jour, les choses changeront et il faut que tu sois prêt à prendre le coche lorsque ce jour arrivera. J’y crois comme je crois que cette guerre s’arrêtera un jour et qu’il y aura une paix durable, une vraie paix ici. Au fait, je suis Dahey... Bois un coup, ça ira mieux.»

J’accepte le verre de Whiskey que Dahey me présente alors que ses paroles sonnent encore en moi. Les deux autres se présentent et me tendent leurs mains à serrer. Je les serre sans retenir leurs prénoms et me présente machinalement. Ce que Dahey m’a dit fait son effet. Effectivement, je suis déçu de la réaction de mon père, mais cette réaction est une réaction ponctuelle vis-à-vis d’un moment mais cela ne veut pas dire que ce sera le cas plus tard, qu’il refusera une nouvelle fois. Alors que le liquide ambré coule le long de ma gorge et que sa force me brûle car je n’ai pas fait gaffe à ce que ce fût, perdu dans mes pensées comme je l’étais, je tousse, déglutis avec peine et manque de m’étouffer. Ils prennent cet excès de toux pour un manque d’habitude vis-à-vis d’un alcool fort dû à mon âge et cela les fait rire.

« Ben alors jeune homme, pas habitué ? » dit le plus vieux des serveurs et d’ajouter « c’est sur que ce n’est pas une boisson de gamin »

Et alors que les autres rient encore, je regarde mon verre tout en pensant au fait que tout n’est pas perdu, que tellement de choses peuvent changer et que mon père pourra toujours changer d’avis plus tard. J’ai attendu 17 ans pour le rencontrer, je peux encore attendre. Il finira bien par accepter le fait qu’il a un fils. Je souris et dis : « Il est bon… très bon. »

Nous avons donc bu notre verre puis Henry et moi avons pris congé de Dahey et ses collègues. Nous sommes repartis en direction de Belfast. Henry nous fait passer par le quartier des docks. Cet endroit où tant de combats ont eu lieu, tant d’affrontements entre les dockers protestants loyalistes et les demandeurs d’emplois catholiques républicains. Il y a eu autant d’affrontements dans ce quartier qu’il y en a eu dans les quartiers ouest, les quartiers républicains. Il fait encore grand jour lorsque nous rendons les clefs de la voiture de location, nos suiveurs policiers sont toujours sur nos traces. Nous nous rendons alors sur College Square afin de profiter du soleil et de discuter pour faire le point sur cette journée.

10 mai 2007

Le mystère de mon paternel (partie 42)

Nous repartons au milieu des touristes. Plus de traces de mon père ou de ses hommes. Le goût salé des larmes sur mes lèvres s’allie à l’amertume des sentiments que je ressens. Je suis vidé. Je n’ai plus de forces, envie de rien. Henry me soutient tant physiquement que moralement. Je m’appuie même carrément à lui. Je suis déçu. Déçu par mon père, par son refus d’au moins essayer. En fait, je pense que j’espérais qu’il se conduise en père, lui qui n’avait connu cette situation que durant deux ans, les deux premières années de ma vie. Mais j’ai été peut être trop exigeant. Et puis j’ai déjà un père. Le sentir près de moi, contre moi me fait me rendre compte à quel point je l’avais délaissé depuis que je voulais retrouver mon géniteur. Combien je trouvais ses actions et sa présence normales alors que justement, il n’était pas mon père biologique.

« Merci Henry » et je me redresse.

« Merci de quoi ? »

« D’être là tout simplement, d’être toi. »

« Oh tu sais, c’est normal, tu n’as pas à me remercier. Tu sais, il y a dix ans, lorsque j’ai rencontré ta mère, j’ai eu ce qu’on appelle un coup de foudre pour elle. Je ne savais rien d’elle mais j’étais prêt à tout pour elle. J’ai acheté une de ses toiles puis une autre, j’ai du me battre pour la conquérir. »

Nous sommes remontés en voiture et Henry a continué :

« Je savais qu’elle avait un fils qui était déjà grand. Elle a longtemps hésité, longtemps. Elle a cru qu’elle ne pourrait plus aimer après ton père. Elle a eu peur aussi, pour toi, peur de ta réaction. Mais à l’âge que tu avais à l’époque, tu comprenais déjà bien des choses. Tu as vu ta mère heureuse et lorsque ta mère nous a présentés, tu te souviens de ta réaction ? »

« Oui… » Je souris à ce souvenir. Il est vrai qu’à l’époque, j’avais vu rarement ma mère aussi heureuse et anxieuse à la fois de cette rencontre entre Henry et moi, entre l’homme dont elle tombait amoureuse et celui qui occupait sa vie. Alors, comme un petit homme avec des responsabilités, je lui avais dit de mon air très sérieux : « C’est toi qui a redonné le sourire à ma maman alors je t’aime bien » et Henry, avec un énorme sourire et les yeux qui pétillent avait répondu : « Et bien, si tu le dis… Mais ce que j’espère c’est que je vais continuer et que toi aussi tu vas sourire » et bien sûr, comme je me sentais plein d’importance pour lui à ce moment là, j’avais souris moi aussi. Et il m’avait serré la main, comme on le fait entre hommes. J’en avais été très fier.

« Toi et ta mère vous m’avez accepté. Même si j’entrais dans votre famille, tu m’as accepté comme si j’en faisais partie depuis toujours. Et tu m’as même fait pleurer lors de notre mariage. Ton discours du haut de tes 12 ans m’a montré à quel point nous étions une vraie famille déjà. Alors tu n’as pas à me remercier. C’est plutôt à moi de te remercier de m’avoir accueilli ainsi dans votre petite famille. Et c’est normal que je sois là pour toi, comme ta mère et toi avez été là pour moi depuis 10 ans. Je ne suis pas là par obligation, mais parce que je veux être là pour t’aider si tu en as besoin. Parce que je t’aime. »

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4 mai 2007

Le mystère de mon paternel (partie 41)

« Laisse Moyra en dehors de ça. De toute façon, ce n’est pas ma guerre. Ce n’est pas non plus celle de Moyra. Tu veux quoi ? Tu veux que je me batte aussi ? Tu veux que je fasse comme toi ? Parce que là, tu menaces Moyra, tu es en train de faire ce que les autres ont fait avec toi. C’est ça que tu veux ? Mais moi, je ne suis pas toi. Moi, je me battrai contre ça… »

« Calme toi. Je ne menaçais pas Moyra. Je voulais juste savoir ce que tu étais capable de faire. J’ai déjà fait suffisamment de mal à ma famille. Et puis comme tu l’as dit, tu n’as rien à faire dans cette guerre et donc rien à faire ici. Rien à faire avec moi. Désolé que tu aies fait toutes ces démarches pour rien, mais tu dois partir. »

Mais ses paroles m’ont énervé. Je rétorque

« Oh mais je n’ai pas fait tout cela pour rien, je suis venu pour rencontrer mon géniteur et maintenant, je sais que je ne dois rien attendre de lui, qu’il n’aura jamais le courage de faire face à ses actes et qu’il refusera son rôle de père comme il l’a déjà fait par le passé. »

Alors qu’il se tourne vers la sortie et commence à partir, je continue. La hargne que je mets dans mes paroles me surprend moi-même. La tension accumulée de ces quelques jours rejaillit d’un coup. J’en deviens violent, me laissant emporter par cette vague.

« C’est ça, fuis encore une fois ta vie, tes responsabilités, choisit la facilité, c’est tellement facile de tourner le dos, de partir sans avoir de compte à rendre, sans s’occuper des autres. Mais moi, je suis là, moi, j’existe et quoi que tu en penses, je suis ton fils, je suis là. Et je serai toujours ton fils. » Mais malgré mes cris, il ne se retourne pas et sort de la tour. Je l’entends appeler ses hommes et ils repartent. Je reste prostré, appuyé contre le mur. Je me sens vidé. C’est tout ? Voilà, j’ai voyagé, cherché, contacté des gens, je me suis fait arrêter juste pour une fausse discussion avec cet homme qui est mon géniteur ? Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais. Sans aller jusqu’à l’embrassade pleine de guimauve, j’aurais espéré qu’il se montre un peu curieux à mon encontre, qu’il me pose des questions sur ma vie, qu’il veuille en savoir plus. Mais non, rien de tout cela. Nous avons à peine échangé quelques mots quelques phrases. Certes, j’ai compris des choses, j’ai eu son point de vue. Mais cela ne m’empêche pas d’avoir un goût amer dans la bouche. Un goût de défaite.

Au bout d’une minutes ou deux, Henry entre à son tour. Il vient et me serre dans ses bras.

« Je suis désolé Jack. J’ai entendu lorsque tu as élevé la voix. Je suis désolé que cela ne se soit pas passé comme tu l’espérais. Laisse le à sa vie. Il n’a jamais connu que cette vie en fin de compte. Il n’est peut être tout simplement pas fait pour être en famille. Toi, tu as une famille. Ta mère est là, tes grands parents sont là et moi aussi. Et puis maintenant il va y avoir aussi Aileen et Moyra. Laisse le et n’y penses plus. Tu n’as pas eu besoin de lui jusque là. Je comprends que tu sois déçu, triste. Ces derniers jours tu espérais rencontrer ton père et tu as en fait rencontré un homme qui est complètement étranger et qui n’est que ton géniteur. En tournant le dos à la vie qu’il pourrait vivre, Liam ne sait pas ce qu’il perd. Moi, je le sais, moi je vous connais ta mère et toi et Dieu m’est témoin que vous êtes ce qui compte le plus pour moi. Laisse le partir Jack. Il ne te mérite pas. »

30 avril 2007

le mystère de mon paternel (partie 40)

Après ces déclarations, je ne sais pas vraiment quoi dire. Même si au fond de moi je sais que cet homme est mon père et que cette idée fait qu’il y a ce sentiment, cette envie de pouvoir faire quelque chose pour lui. Même si je ne sais finalement pas grand-chose, si je ne le connais pas. Je sais qu’il a fait du mal. Il en a fait aussi à ma mère et à moi. Il a tué, il a blessé, il a trahi. Il est devenu quelqu’un qu’il ne voulait pas devenir. Mais en même temps, il voulait aussi devenir cet homme là car on ne devient pas ainsi lorsqu’on ne le veut pas ou alors cela entre dans le domaine de la folie et de la psychanalyse. C’est Freud qui serait heureux là. Je suis donc partagé entre deux sentiments : l’envie de le rassurer sur le fait que quoi qu’il ait fait je reste son fils et que même si on ne peut remonter le temps, il y a sûrement un moyen de changer, même pour lui et l’envie de ne rien faire. Mon cerveau est en train de fondre sous le questionnement. Je respire fort, lentement, essayant de me calmer. Je ferme les yeux. Je l’entends respirer lui aussi, il marche. J’entends ses pas sur le sol de terre de la tour.

Lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, il me regarde. Son expression n’est plus celle de l’homme dur de tout à l’heure. Alors que je suis encore en train d’hésiter, de me poser des questions, les mots sortent de ma bouche.

« Mais tu sais, je reste ton fils, quel que soit le passé. Il ne faut pas rester sur le passé. Le passé est le passé. Mais nous ne vivons pas dans le passé. »

Encore un silence. Son regard change sous mes yeux alors que la signification de mes paroles marque son impact. Je vois ce changement. Du moins il me semble. C’est peut être une hallucination tellement je veux que mon père puisse changer. Je n’en sais rien. Sur le moment, je sais juste que je veux qu’il change, qu’il ne soit plus cet être capable du pire, qu’il ne se batte plus, qu’il ne fasse plus le mal. C’est peut être prétentieux, mais je pense que si on le pardonne, alors il se pardonnera lui aussi et pourra voir plus loin, vivre à nouveau et changer. A cet instant, je me rends compte de la fragilité qu’il y a entre nous mais de la puissance et de l’importance que ce lien, aussi fin soit il, de ce fil qui nous relie peut avoir. Importance pour lui, pour moi et même peut être pour bien plus de gens.

« Je ne sais pas si cela est possible, si c’est une bonne chose. Je suis ce que je suis. Je me bats pour une cause, pour la cause. Mon but est maintenant de finir ce que j’ai commencé. Mais je ne veux pas que tu te sentes obligé parce que tu es mon fils de te battre toi également. Même si je suis ton père biologique, je ne me suis véritablement conduit en père que durant tes deux premières années de vie. »

« Tu sais, s’il y a certains traits dont j’ai hérité de toi, à part tes yeux, c’est ton caractère, comme Aileen me l’a dit. Alors si je viens me battre, ce n’est pas parce que je suis ton fils car effectivement, dans les faits, l’homme qui est venu avec moi et qui m’attends dehors a plus été un père dans les actes comme tu dis, que toi. Mais je ne suis pas né dans cette guerre alors je ne compte pas m’en mêler. Je n’ai pas assez de sang Irlandais dans les veines pour que cela me touche. »

Mon père se tourne alors et me lance :

« Même si Moyra Gallagher venait à être blessée ? Parce que j’ai entendu dire que tu l’appréciais… énormément. En même temps, je te comprends, elle est le portrait craché de sa mère »

J’accuse le coup et mes poings se sont fermés. Comment ose t’il menacer ainsi Moyra ?

27 avril 2007

Le mystère de mon paternel (partie 39)

Puis, mon père reprend sa narration :

« Et puis alors que je préparais mon retour, j’ai eu des nouvelles des personnes que j’aimais ici. Une grande partie du réseau avait été démantelé. Des centaines d’arrestations. Mon oncle, mes amis se sont retrouvés derrière les barreaux. C’est avec l’aide d’Aileen que j’ai pu revenir. Avec son aide également que j’ai pu faire évader un bon nombre de mes amis. Je me suis retrouvé de nouveau en meneur d’hommes, en chef de guerre. Je me suis plongé dans la lutte pour vous oublier, toi et ta mère. Je me suis fait happer par cette époque de lutte, cette époque sanglante. Je suis devenu plus dur, plus méchant. Chaque coup que l’armée Anglaise nous donnait lui était rendue. Faire que l’Irlande du Nord soit de nouveau unifiée avec l’Eire était devenu ma raison de vivre. J’ai remonté un réseau, assemblé de nouveau des partisans. Mais en 4 ans d’absence, bien des choses avaient changées. La haine envers l’Angleterre dont je me nourrissais grandissait au fur et à mesure des batailles et des actions de répressions. Je me suis laissé entraîner dans cette lutte, submerger totalement. Ensuite, sont arrivés les drames dont Aileen a déjà du te parler. J’ai perdu ceux que j’aimais, j’ai perdu ma famille comme j’avais abandonné ma femme et mon fils. Maintenant, je continue cette lutte parce que c’est tout ce qu’il me reste. Parce qu’elle est devenue ma compagne de chaque jour. Alors tu n’as pas de morale à me faire. Je sais ce que je suis. Je sais comment je le suis devenu. Je ne le sais que trop. »

Je sais pourquoi il est ainsi. Maintenant que les pièces du puzzle se mettent en place, je comprends. Enfin, il reste quand même cette part de moi qui se place en victime et qui lui en veut. Car je lui en veux de nous avoir abandonné ma mère et moi. Et je reste quand même persuadé qu’il y avait d’autres solutions. Je ne peux ôter cette sensation, cette idée qu’il a choisi la facilité et la fuite. Que s’il en avait parlé à ma mère, à eux deux, ils auraient trouvé une solution. En fait, j’analyse mon ressentiment comme un constat d’échec en quelque sorte. Car j’ai compris qu’il ne viendrait pas avec moi en France. Je ne sais pas vraiment si c’est réellement ce que j’espérais, mais je prends cela comme un demi échec par rapport à ce que je suis venu chercher ici. Certes, j’ai mes réponses. Certes, Henry est dans les faits et dans mon cœur comme un père. Certes, après 17 ans d’attente, 17 ans sans cet homme dont le sang coule dans mes veines, je l’ai retrouvé. Mais est ce pour mieux le perdre ? Est-ce juste pour avoir une discussion comme celle-ci ? Même pas une discussion de père à fils car nous n’avons là qu’une discussion d’homme à homme. Chacun avec sa vie, avec son passé, avec ses espérances. Je me rends compte que si lui a été égoïste en partie, je le suis moi aussi maintenant. Comment pourrais je en vouloir à un homme qui a sacrifié son bonheur pour protéger et sauver ceux qu’il aimait ? Comment en vouloir à un homme qui a tout perdu et n’a plus, comme point de repère, que la violence d’une lutte qui dure depuis près de 80 années et qui ne mènera probablement à rien ? Comment ais je pu penser une seconde qu’un homme qui s’est plongé dans la violence ainsi, capable de tuer, pouvais tout arrêter et venir avec moi en France ? Et tout cela sans penser une seconde à ce qu’Henry peut bien penser, ressentir. Il est venu avec moi dans cette aventure et pourtant, c’est pour retrouver celui que ma mère a aimé avant lui.

Le silence a de nouveau pris le dessus.

« Je comprends. Je sais maintenant ce qu’a été ta vie. Je sais combien tu as pu souffrir. Mais tu sais que nous sommes là maintenant. Je sais que ton monde est loin de celui que tu aurais pu avoir si tout ne s’était pas passé comme cela s’est fait. Mais quoi que tu en dises, maintenant tu sais que je suis là. Penses tu vraiment que cette guerre mènera à quelque chose ? Je sais que cette lutte est tout ce que tu penses encore avoir. Je sais que tu t’y accroches comme un rocher. Mais je crois que ce n’est pas cet univers de guerre, que tu ne connais que trop bien qui pourras t’apporter ce bonheur que tu recherches. Je crois qu’il y a maintenant une autre solution. »

« Je ne sais pas s’il y a une autre solution. J’ai perdu ta mère, j’ai perdu ceux que j’aimais. J’ai perdu tant de choses que cette lutte est devenue la seule chose qui me reste. Je ne suis plus qu’un guerrier. Je suis recherché par la police et l’armée. J’ai blessé et tué. Je ne sais pas si j’ai droit au bonheur. Du moins, je n’y crois plus. »

26 avril 2007

Le mystère de mon paternel (partie 38)

« Je suis venu en France suite à un attentat qui avait tué un enfant parmi 11 victimes. J’ai compris à ce moment que nous étions allé trop loin. Je suis donc parti, je ne voulais plus être actif, je ne voulais plus rien avoir avec la cause. Je suis venu en France. Pourquoi avoir fuit l’Irlande ? Parce que tout simplement, les autres ne voulaient pas me laisser stopper. J’étais l’un des meneurs, l’un des membres les plus actifs. A cette époque, l’IRA perdait de plus en plus de membres, soit parce qu’ils faisaient sécession et créaient des mouvements dissidents, soit parce qu’ils se rangeaient. Je me suis donc installé à Paris. J’effectuais des petits boulots. J’ai rencontré ta mère dans un pub. Je ne voulais pas m’attacher, mais elle a voulu me dessiner, me peindre. Petit à petit, à force de nous voir, nous sommes tombés amoureux. Je savais que les autres n’étaient pas loin. J’ai poussé ta mère pour que l’on s’éloigne de Paris. Nous nous aimions vraiment. Mais chaque fois que je sortais avec elle ou seul, je devenais parano. Nous nous sommes mariés l’année de notre rencontre. Puis, ta mère est tombée en ceinte. J’ai alors été contacté par des amis depuis l’Irlande qui m’ont prévenu que ceux de l’IRA étaient sur ma piste. Je pressais de plus en plus ta mère pour partir de Paris, donnant tous les prétextes possibles. Nous avons finalement convenu de partir après ta naissance. Deux semaines avant ta naissance, j’ai… été contacté par l’IRA. Ils m’ont laissé un message facile à comprendre. Soit je rejoignais de nouveau la cause, soit ta mère et toi disparaissiez.

Et puis tu es né. Nous sommes parti nous installer en Normandie. Ce fut la meilleure chose. Ils ont perdu ma trace. Nous avons vécu comme un couple normal, loin de tout. Ce furent des mois de plaisir, de bonheur. Une vie normale, une vie à laquelle j’aspirais de tout mon cœur. Te voir grandir, vivre avec vous, avoir l’amour de ta mère étaient les meilleures choses qui m’étaient arrivés depuis longtemps. Petit à petit, je me suis fait à cette vie simple. Je faisais des petits boulots, me servant de mon habileté à réparer les objets. Je retapais les meubles, réparais les postes radios, faisais de petits travaux. Ta mère peignait et vendait ses toiles. Nous nous débrouillions. Sauf que forcément, mon passé m’a rattrapé. Un jour, une lettre est arrivée. Je l’ai prise sans que ta mère ne la voit car sur l’enveloppe, il y avait un code. Une date exactement. La date du Bloody Sunday, le 30 janvier 72. Cette date est gravée dans ma mémoire mais aussi dans ma chair, au plus profond de moi. Donc, cette date signifiait que la personne qui avait envoyé cette lettre savait qui j’étais et qu’elle savait ce que cette date représentait. Je suis parti ce jour là. Je me suis isolé toute la journée dans les grottes des falaises afin d’être abrité de la pluie et du vent de novembre. J’ai lu et relu cette lettre. J’ai beaucoup réfléchit avant de la déchirer et de la jeter à l’eau. Ma décision était prise. Tu veux savoir ce qu’il y avait dans cette lettre ? Tout était écrit en Gaélique Irlandais. Il n’y avait pas grand-chose d’écrit dessus. Juste quelques mots : Nous savons. Tu dois revenir et te battre à nouveau. Sinon, toi et les tiens porterons la marque noire de l’Oglaigh na Heireann. »

Il fait une pause. Je l’ai laissé parlé. Sa respiration s’est accélérée. Se remémorer ces moments d’une autre vie, la vie qu’il aurait aimé vivre lui fait mal.

« Et à part le fait qu’ils t’aient retrouvé, ça veut dire quoi tout ça ? »

« La marque noire, c’est la cagoule. La cagoule des condamnés à mort de l’IRA. Et l’Oglaigh na Heireann c’est le nom Gaélique de l’IRA. Ce qui voulait dire que c’était quelqu’un d’influent au sein de l’organisation qui m’envoyait ces menaces. Ce qui voulait dire que vous étiez en danger et que vous le resteriez ta mère et toi tant que je ne serais pas rentré au pays et que je n’aurais pas repris les armes. Du coup, ma décision fut prise rapidement. Il m’a fallut préparer mon départ, reprendre contact avec des amis, avec ma famille et ensuite, je vous ai laissé. Lorsque je suis rentré ici, en si peu de temps, bien des choses avaient changées. »

Un lourd silence s’impose alors. Sa respiration s’est calmée. Il a repris le contrôle. Un masque dur s’est de nouveau formé sur son visage. Il a ouvert les yeux et me regarde, de son regard gris. Le même regard que moi.

24 avril 2007

le mystère de mon paternel (partie 37)

Mon père ne s’est toujours pas retourné. Je réalise alors qu’il tente de me faire partir, il tente de fuir ma venue. Il a cherché à me pousser à partir. Il veut encore une fois fuir ses responsabilités et se cache derrière nos univers différents. Mais je veux le mettre face à son passé, face à son présent et face à un de ses futurs. Je me décale lentement. Le silence pèse. Je décide de le briser tout en continuant à le contourner. C’est comme apprivoiser un animal sauvage et craintif.

« Bon. Qu’est ce qu’on fait alors ? Chacun repart dans son monde et voilà, on ne s’est jamais rencontré ? Tu n’as jamais rencontré maman, ne l’as jamais aimé ? Je ne suis pas venu au monde ? Tu ne m’as jamais tenu dans tes bras ? C’est ça que tu veux ? Effacer ton passé ? Effacer ce que tu as fait avant pour te plonger dans ta lutte ? Tu veux encore fuir c’est ça ? En fait, tu n’aimes pas affronter en face les problèmes. C’est pour ça que tu pose des bombes, c’est pour ça que tu nous as abandonnés, maman et moi. »

Je suis arrivé à le voir de profil. Il a fermé les yeux. Je vois ses poings fermés, serrés. Je le sens énervé. « Tais toi. Tais toi. Tais toi… Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu ne sais rien. C’est pour vous protéger, toi et ta mère que je suis parti. Et puis tu n’as jamais vu des membres de ta famille mourir sous tes yeux, tu n’as jamais vu tes amis se faire tabasser par les flics jusqu’à ne plus pouvoir marcher ou se relever tellement leur corps est en miettes. Tu n’as jamais vu les flics charger alors que les enfants sont dans les rues et ces flics qui ne font aucune différences entre des passants et des manifestants car tout ce qui les intéresse c’est de frapper sur des Irlandais. »

Je suis maintenant face à lui. Il a toujours les yeux fermés. Son visage est marqué, creusé par les épreuves. Mais je reconnais certains traits de mon visage. Le nez, le menton. Les sourcils et les yeux légèrement enfoncés. Un rayon de lumière et j’ai aperçu le reflet des larmes sur ses joues. « Tu vas maintenant me faire le couplet de la victime ? Que ce n’est pas ta faute si tu as tué des gens ? Si tu nous as abandonné maman et moi ? Que c’était pour ne pas nous mêler à tout cela que tu as préféré priver une femme de son mari, de son amour et un fils de l’amour de son père ? Excuse moi, mais j’ai du mal à le croire. J’ai du mal à voir le sacrifice d’amour que tu as fait en nous abandonnant et en revenant ici pour tuer des innocents. Et maintenant, tu voudrais à nouveau fuir ? Non, trop facile. J’ai attendu durant près de 17 ans pour rencontrer mon père biologique. Je ne compte pas tout laisser tomber maintenant... »

Là, il ne me laisse pas finir et hurle « Ferme là ! Maintenant, tu vas m’écouter et arrêter de faire ton petit con. »

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